Qu’y a-t-il de mieux que de pouvoir partager avec des passagers enthousiastes la sensation indescriptible de liberté que l’on ressent aux commandes d’un avion léger? Nous pourrions affirmer qu’il n’existe rien de tel, mais ce serait oublier que la première préoccupation du pilote demeure la sécurité de ses passagers durant un vol de coavionnage.
Car oui, un coavionnage parfait, ça se prépare! Nous vous proposons une check-list de petits conseils qui vous aideront à offrir aux passagers un vol aussi sûr que possible. Nous avons recueilli les propos d’un pilote Wingly aussi instructeur et pilote de voltige. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive et nous vous invitons à apporter des précisions et à partager vos propres expériences avec le reste de la communauté. Bonne lecture.
Les 10 checks pour un coavionnage parfait
Check 1 : Pas de pression !
Cette étape n’est habituellement jamais mentionnée dans les diverses check-lists ni même dans les rapports d’incident. Cependant, tous les pilotes ont déjà ressenti un jour une certaine anxiété juste avant de récupérer ou de déposer des passagers à un horaire précis. Les causes de stress affectant le pilote peuvent évidemment être nombreuses et diverses (contraintes logistiques, temporelles, météorologiques …). Cependant, un pilote ne doit jamais se sentir contraint à exécuter son coavionnage et ce peu importe la nature de cette obligation ! Il est indispensable d’expliquer clairement à vos passagers que vous n’êtes pas un pilote professionnel et que vous ne pouvez pas assurer avec exactitude le respect des horaires préalablement définis. Wingly s’occupe aussi de cela lors de la réservation du passager coavionneur en leur indiquant ce qu’ils doivent savoir concernant les vols effectués sur la plateforme. De plus, mieux vaut toujours prévoir large lors de longues étapes sachant que la totalité des vols réalisés en VFR sont tous tributaires de la météo. Il ne faut alors pas hésiter à rester au sol si vous avez le moindre doute concernant les conditions météo, même par un très beau jour d’été, et ce même si vos passagers ne semblent pas comprendre votre décision de renoncer au vol.
Check 2 : Un vol parfait en coavionnage, ça se prépare!
Tenue pour acquise par la majorité des pilotes lors de vols de navigation, la préparation du vol n’est pas toujours aussi bien effectuée lorsqu’il s’agit d’une promenade aérienne du fait de la connaissance supposée des lieux. Néanmoins cette “connaissance” ne vous sera d’aucune utilité si le pire venait à arriver. D’un point de vue réglementaire, tous les vols effectués au-delà du voisinage de l’aérodrome de départ sont considérés comme des vols en campagne et nécessitent, à ce titre, la même préparation en amont de la part du pilote que pour un vol de navigation classique: une connaissance parfaite pour un coavionnage parfait. La météo actuelle ainsi que les potentielles évolutions doivent donc être prises en compte – même avec un CAVOK – sans oublier de récupérer les différents NOTAMs dont vous pourriez avoir besoin. Avec un peu d’entraînement cela ne devrait pas vous prendre plus de quelques minutes. Cette préparation, en plus d’être indispensable à la sécurité du vol, peut également se révéler être un outil efficace pour expliquer aux passagers ce qui va se passer. Si vous êtes un tout jeune pilote, se limiter aux destinations que vous connaissez déjà bien est souvent une bonne solution pour commencer.
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Check 3 : L’importance du devis de Masse & Centrage
Qui dit passagers à bord et bagages dit obligation de revoir le bilan en carburant ainsi que la masse et le centrage de l’avion. Il est toujours possible d’utiliser des cas standards préparés à l’avance afin d’avoir une première estimation (1 personne + le carburant, 2 personnes + le carburant etc.). Dans certaines conditions, vous serez dans l’impossibilité de faire le plein. Le plan de vol devra alors prendre en considération les différents arrêts nécessaires au ravitaillement en carburant.
Il ne faudra d’ailleurs pas hésiter à annuler un vol ou rajouter une étape ravitaillement si une surcharge de votre avion vous semble inévitable. Il n’est pas raisonnable de se mettre dans une situation dangereuse en prenant des risques qui peuvent être évités.
Check 4 : Une bonne visite pré-vol pour un coavionnage parfait
Il vous appartient de choisir si vous voulez effectuer votre inspection pré-vol en compagnie de vos passagers ou non, et cela sans oublier les personnes qui vont et viennent autour de vous. Dans la grande majorité des cas, la visite pré-vol constitue une étape incontournable pour vos futurs passagers curieux et vous croiserez sûrement quelques passagers ravis de pouvoir brasser l’hélice du Rotax en pleine chaleur estivale pour que vous n’ayez plus qu’à lire le niveau d’huile sur la jauge. Il ne faut néanmoins pas oublier qu’un passager est toujours une source de distraction pour le pilote. L’oubli des tiges de blocage, des protections sur les prises-pitot ou un bouchon du réservoir mal fermé sont des erreurs récurrentes pour des pilotes soumis à ce type de distractions involontaires. De même, il faut être très prudent vis-à-vis du passager assis à côté de vous. En tant que commandant de bord, vous ne pouvez vous fier qu’à ce que vous avez vérifié vous-même. Ne négligez surtout pas votre propre vérification même si le pilote qui a volé juste avant vous n’a rien remarqué, de bons camarades pilotes vous laisseront tout vérifier par vous-même sans s’offusquer. De même après une interruption dans votre vérification – pour aider un camarade par exemple – recommencer en haut de la liste une nouvelle fois. Si nécessaire, n’hésitez pas à demander gentiment aux passagers de s’éloigner un tout petit peu jusqu’à ce que la visite pré-vol soit terminée.
Check 5 : L’importance de l’environnement de travail pour s’assurer d’un coavionnage parfait
Il n’y a rien de pire pour un passager que de monter à bord d’un appareil dont l’aspect est déplorable à l’extérieur comme à l’intérieur. On oublie donc la couche épaisse de poussière datant de plusieurs années, la montagne de reçus d’avitaillement ou encore les trous sur la planche de bord.
Vieilles bouteilles de plastiques, outils et restes de nourriture en tout genre ne sont pas vraiment annonciateur d’un entretien de l’appareil suffisant. L’avion doit être visuellement irréprochable car la première impression des passagers coavionneurs ne pourra se faire qu’au travers de l’état général de l’appareil et donc son apparence. Un espace de travail désorganisé pourrait d’ailleurs s’avérer distrayant voire perturbant pour le pilote à cause de la présence d’éléments inhabituels.
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Check 6 : Une attention particulière à vos passagers coavionneurs
Il est intéressant de demander individuellement comment chaque futur passager se sent à l’approche du vol. Pas besoin d’être brutal, une habile mention dans la conversation suffira largement sans pour autant évoquer d’éventuels sujets d’inquiétude. Cela vous permettra d’avoir une première idée de l’état général du passager. Il appartient d’ailleurs au pilote de rassurer les passagers sensibles ou inquiets en limitant les évolutions trop brutales et en privilégiant des freinages et virages doux. Expliquer toutes les manœuvres est également une bonne manière de remédier aux angoisses des passagers. Prenez le temps d’observer durant quelques secondes chacun de vos passagers afin de remarquer certains détails qui pourraient trahir un sentiment de malaise ou d’inconfort. Mettre à disposition les équipements adéquats (sacs à vomis notamment) et montrer leur emplacement avant le décollage permettent de limiter le travail de nettoyage et d’améliorer l’expérience passager. Pour les passagers très nerveux, il est recommandé de réaliser les vols plutôt le matin ou en début de soirée pour éviter les ascendances thermiques très présentes aux environs de midi. Pensez également à conseiller à vos passagers un petit passage par les WC avant le départ pour s’assurer d’un coavionnage parfait
Check 7 : L’embarquement du coavionnage parfait
Ne comptez pas sur vos passagers pour s’attacher et fermer correctement la verrière de l’appareil. Pour les vols de coavionnage locaux , la meilleure alternative consiste à accompagner le passager jusque sur son siège tout en s’assurant qu’il est bien attaché et que rien ne dépasse de l’appareil. La mauvaise fermeture d’une porte n’est détectable qu’une fois en vol, autrement dit lorsqu’il est déjà trop tard. Chaque pilote doit évidemment se comporter en gentleman, aider votre passagère à monter dans l’appareil en tenant sacs, vestes ou téléphones sera une attention très appréciée.
Vous devez également indiquer à vos passagers où ils peuvent mettre leur main. Ainsi les commandes de vol situées à portée de main ont souvent le pouvoir d’attirer irrésistiblement les mains des passagers. En utilisant la maxime “Tout ce qui est en couleur réduit la durée du vol”, essayez dans la mesure du possible d’expliquer la fonction de cette poignée tout en vous assurant auparavant que les portes ont bien été fermées.
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Check 9 : Checklists et briefings d’urgence
La communication constitue la meilleure des préventions face à la peur de voler. Dans cette optique, il est toujours intéressant de décrire aux passagers ce que vous faites et pourquoi vous le faites. Vous pouvez parcourir la checklist ensemble mais faites attention à ne pas être distrait par une remarque ou une question. Vous pouvez également demander un court moment de silence afin de vous concentrer sur les actions à effectuer lors des phases critiques de vol par exemple. Une remarque importante – qui n’est souvent pas mentionnée – est de vérifier que rien ne vient entraver le débattement des commandes avant le décollage.
Un point très important à évoquer avec vos passagers avant le décollage : le briefing d’urgence. Vous pouvez si nécessaire expliquer le système de secours dans sa globalité , ses avantages et ses inconvénients. Dans tous les cas, n’oubliez pas de passer en revue les différentes possibilités d’extraction du cockpit en cas d’urgence lors du décollage notamment. Seul un pilote prêt mentalement et concentré peut réagir de manière appropriée et en confiance durant une urgence.
Check 10 : Lors d’un coavionnage parfait: piloter est la priorité !
Pendant toute la durée du coavionnage, vous devrez tout le temps être attentif en observant régulièrement ce qui se passe par-delà de la verrière. Vous pouvez d’ailleurs faire participer les passagers en les incitant à regarder dehors. Tenter de trouver un compromis entre la gestion des différentes tâches à mener et les conversations qui peuvent s’engager dans le cockpit est la priorité pour effectuer votre coavionnage aussi sereinement que possible.
Une petite anecdote personnellement vécue : l’examinateur et moi avions remarqué que nous travaillons dans la même entreprise. Mon examinateur continuait à parler sans cesse jusqu’à ce que je me décide à lui dire : “Désolé, il vaudrait mieux reprendre cette conversation plus tard car j’ai vraiment besoin de me concentrer sur mon pilotage.” Il m’avoua par la suite que c’était ce qu’il voulait entendre.
Si vous déléguez certaines tâches à vos passagers, ne laissez rien sans vérification. Il en va de votre responsabilité en tant que commandant de bord. Pas besoin de préciser que la prudence et la mesure sont des conditions sinéquanones pour un coavionnage parfait our les passagers mais aussi pour le pilote. Évidemment personne ne trouvera rien à redire à effectuer un vol parabolique, un départ aux freins, des virages serrés, des loopings ou autres éléments figures acrobatiques mais celles-ci ne constituent pas une preuve des talents du pilote et ne plairont certainement pas aux passagers coavionneurs de l’aviation légère: qui voulait juste faire un vol de découverte…
Maintenant que vous avez toutes les clés nécessaires pour faire un coavionnage parfait, vous n’avez plus qu’a vous inscrire sur Wingly et proposer vos prochains vols !
Aéronautiquement vôtre,
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